mercredi 14 janvier 2015

"Je suis Charlie" : et maintenant ? Parlons-en !

Atelier Citoyen Vendredi 16 janvier 18h à l'Agora


Dimanche dernier, vous avez été quelques un-e-s à nous demander si l'on avait bientôt un atelier citoyen de prévu. Besoin de ne pas se quitter comme ça, de pouvoir débattre, échanger après l'indicible…
Le prochain atelier citoyen aura lieu vendredi prochain, le 16 janvier, à partir de 18h, salle Santorin au centre social l'Agora.
Le thème ? "Je suis Charlie" : et maintenant ? parlons-en !

Dans notre société médiatique et numérique, nous avons vécu les événements de la semaine dernière l'oeil rivé sur nos écrans (ordinateur, télé, tablettes, smartphones) de manière plutôt individuelle.
Dès le mercredi soir, et encore plus dimanche, nous avons éprouvé le besoin de nous rassembler.

Vient aujourd'hui le temps de prendre la parole, de se parler et partager nos interrogations et nos regards sur l'événement.
Le principe des Ateliers citoyens, depuis leur création, est d'offrir un espace de débat à toutes celles et tous ceux qui le souhaitent. Emparez-vous-en !
Les débats y sont sereins et nous demandons aux participant-e-s le respect de la parole de chacun-e.

L'article qui suit ne prétend pas donner de réponses toutes faites, mais plutôt proposer des éléments pour nourrir le débat.


© Etienne Davodeau pour la Revue Dessinée

De mercredi à dimanche dernier, nous avons vécu quelque chose de sidérant, d'indicible, d'historique, un choc comparable au 11-Septembre. Mais nous ne savons pas encore ce que ça signifiera pour l'avenir.

Mais l'avenir, qui commence dès aujourd'hui, inquiète.
Dès mercredi, les actes anti-musulmans se sont multipliés partout en France. Après les dérapages répétés de la famille Le Pen (demande par la fille d'un référendum pour le rétablissement de la peine de mort dès le jeudi, appel du père à voter pour sa fille en pleines prises d'otage vendredi…), on pourrait craindre des manifestations de haine comme en Allemagne, où un mouvement islamophobe a rassemblé ce lundi 25.000 personnes à Dresde en arborant "Je suis Charlie"…


© James pour La Revue dessinée
Il est à craindre également qu'au nom de la sauvegarde de la liberté, on veuille rogner sur nos libertés. Avant-même les attentats, le gouvernement avait déjà fait voter une loi autorisant une surveillance accrue d'Internet. Robert Badinter, dès le jour de l'attentat de Charlie Hebdo a prévenu : "Les terroristes nous tendent un piège politique", celui de nous contraindre à réduire nous-même nos libertés, mais aussi "que la colère et l’indignation qui emportent la nation trouve chez certains son expression dans un rejet et une hostilité à l’égard de tous les musulmans de France".

Les moyens actuels des services de renseignements sont-ils suffisants pour prévenir de tels actes terroristes ? Peut-on prévenir ces passages à l'actes d'individus relativement isolés ? Est-ce uniquement par une politique sécuritaire qu'on peut espérer réduire les risques de récidive ? N'y a-t-il pas d'autres leviers, plus durables, à activer ? (émission radio "3D" sur France Inter dimanche 11 janvier 2015)

Si le peuple présent dans les rues dimanche dernier s'est levé, n'écoutant que son coeur, il ne faut pas oublier l'état dans lequel était le pays il y a une semaine, avant les attentats.
De quoi les attentats perpétrés en France sont-ils le nom ? De multiples facteurs peuvent expliquer que notre société puisse engendrer de tels actes. Il n'y aura donc que de multiples solutions, en pansant les fractures de notre pays, en particulier là où le contrat républicain - Liberté, Egalité, Fraternité - n'est plus respecté ; et aussi en évitant de provoquer d'autres drames, d'autres fractures ailleurs sur la planète…

"Je suis Charlie"
© Didier Vallée pour La Manche Libre
Dimanche dernier, nous étions plusieurs milliers à Granville (7.500 selon la police, sans doute un peu moins, 5.000 selon des militants aguerris au comptage de manifestants) et c'était impressionnant.
Mais pas sans questionnements... surtout concernant le carré VIP du G50 de la manifestation parisienne, qui faisait quand même tâche dans cette journée, abritant un certain nombre de chefs d'état ennemis de la liberté d'expression,…

Mais que veut dire au fond "Je suis Charlie" ?
La volonté de se dresser contre le terrorisme et les ennemis de la liberté d'expression en se rassemblant autour de notre devise républicaine - Liberté, Egalité, Fraternité - était manifeste. Maintenant, est-il possible de "rester Charlie" tant les raisons d'être "Charlie" étaient diverses au sein du cortège ? Et où étaient les 60 millions de Français qui ne se sont pas manifesté ?

Cela dit, ce sursaut citoyen est salutaire, reste à en inventer la suite… et le transformer en projet pour une société meilleure...




pour le Front de gauche,
Tibo