mardi 1 décembre 2015

Assises debout - Pistes d'acion économique

Pistes d’action économique



Intervenants : Élisabeth Brault, maire de Saint-Senier-de-Beuvron ; Pierre Hédouin, ancien marin-pêcheur, membre de l’APPG ; Laurent Brégeon, directeur du pôle espoir et du centre d’entraînement de haut niveau voile habitable des Côtes d’Armor ; Ludovic Lecrosnier, producteur de lait bio et de cidre, membre de la Confédération paysanne.

Animateur : Jean-Paul Rousselot.



Sans être une conclusion de la journée, ce quatrième débat montre à quel point des solutions sont envisageables pour redynamiser notre région. De l’agriculture biologique ou raisonnée, en passant par la promotion de la pêche et du cabotage, sans oublier les débouchés que sont le sport ou le tourisme populaire, la transformation des produits locaux, les idées ne manquent pas. Il faut sortir de la spirale centralisatrice et des dogmes de la rentabilité immédiate (pour qui?) et s’appuyer sur les savoir-faire et les opportunités locales en respectant les populations. Que Bayer ou Monsanto amplifient leurs profits n’apporte rien aux habitants du Sud-Manche, mais la multiplication des initiatives locales, véritable gisement d’emplois, permettrait de redynamiser la région en développant commerces, activités de proximité et services publics.



Élisabeth Brault

Être maire, femme dans une commune rurale, ce n’est pas toujours facile.

Dans sa commune, il y avait une maison de retraite religieuse qui devait fermer ; elle a pu être reprise dans un cadre associatif.

En 2004-2005, elle a failli fermer pour cause de normes ; il a fallu se prendre en charge pour que les résidents de la commune ne partent pas ailleurs malgré des volontés politiques.

Cela a aboutit à la création d’une maison neuve pour 33 résidents au départ, 50 prévus.

La gestion administrative se fait aussi avec des fonds publics.

Avec la volonté de ne pas augmenter les subventions, même si c’est difficile de s’y tenir quand on ne veut pas augmenter les tarifs, qui sont fixés par l’État.

C’est important pour un village de 350 habitants.

Il y a des inquiétudes liées aux différentes réformes territoriales, qui créent des problèmes, comme la communauté d’agglomération qui comprend 140 communes.

Cette maison de retraite a une grande importance économique locale avec ses 30 salariés.



Ludovic Lecrosnier

L’argent commande la situation du foncier, et a provoqué la concentration du lait dans les exploitations et dans les régions.

La production s’effectue de manière de plus en plus intensive, avec une dépendance accrue aux protéines (importées du Brésil, avec comme conséquence la déforestation). Ce schéma est un échec, car l’industrialisation de l’agriculture ne produit que 25 % de la nourriture mondiale.

Les normes sanitaires sont bien compliquées, alors que l’agriculture est peu responsable des maladies occasionnées.

L’industrie s’adapte, et les paysans derrière aussi.

On ne peut pas dire : « Demain, on change le système », ce serait comme dire : « Demain, on ferme la grande distribution. »

Bien sûr, il faut produire plus local, plus propre, mais il faudra aller chercher des marchés plus loin, sauf à bénéficier de systèmes comme les AMAP, qui sont une solution.

Les marchés ne sont pas adaptés aux consommateurs, il faut trouver de nouveaux modes de distribution, recréer des solidarités.

Les citoyens et les municipalités ont un rôle à jouer sur le foncier.

On peut disparaître demain sous le coup d’une nouvelle réglementation (une machine obligatoire et chère, par exemple).

Les abattoirs de proximité permettent de privilégier les circuits courts.

La Confédération paysanne a une marge d’action faible, car ce qu’elle défend, c’est le partage, et c’est compliqué pour les paysans. Difficile de convaincre des gens qui travaillent 72 ou 80 heures par semaine, avec des taux d’endettement énorme.

Une exploitation représentant trop d’investissement par rapport à sa rentabilité, notre projet, ce sont les exploitations agricoles transmissibles.

Il faudrait que chaque pays puisse avoir son indépendance alimentaire. Tout le monde constate l’échec du système actuel, mais difficile d’avancer.

Le passage en bio est plus facile aujourd’hui, la consommation augmentant plus vite que la production.

Il y a des aides à la conversion, mais peu de soutien après.

Le paysan a sa part de responsabilité, mais il est pris dans un système et ce n’est pas lui qui fait la loi.



Pierre Hédouin

Les routes vers Avranches, Cherbourg et Paris, la ligne de chemin de fer Paris-Granville sont les axes qui permettent à Granville Terre et Mer de « respirer » et de commercer. Mais sa plus importante plate-forme logistique multimodale est son port. C'est par là que les marchandises arrivent par la mer, la route ou le rail et en repartent.

Une quinzaine de millions d'euros de produits de la mer y sont aussi débarqués par les navires de pêche, chaque année, y sont conditionnés, y subissent pour une part une transformation primaire par la coopérative et repartent vers leurs lieux de distribution.

Environ cent mille passagers embarquent et débarquent aussi chaque année par le port, sans compter les plaisanciers qui passent les fins de semaine et leurs vacances ici.
Toutes ces activités se côtoient et ont chacune leur zone délimitée, ce qui ne génère aucun problème de cohabitation. Or depuis quelques années, la « chambre de commerce », gestionnaire de l'ensemble, a décrété que désormais le cabotage, que l'on appelait il n'y a pas si longtemps le Grand Commerce ou commerce international, le cabotage donc, était non rentable et appelé à disparaître. Cela péremptoirement et sans aucune étude prospective !

Il faut savoir que si la Sirec d'Isigny-le-Buat a cessé ses activités portuaires récemment, d'autres entreprises sont prêtes à reprendre sa place. Quant aux produits des carrières Lainé-Pigeon, leurs débouchés et leur avenir sont assurés.

1 000 tonnes embarquées ou débarquées génèrent un emploi équivalent temps-plein par année (quand le port tourne à 50 000 ou 100 000 tonnes/an, c'est 50 ou 100 emplois qualifiés et permanents qui en vivent)*. Par les temps qui courent, cela ne semble pas intéresser ces messieurs. Au diable l'emploi, au diable les activités maritimes pour lesquelles la ville a été créée (car sinon avec seulement 180° de territoire, il vaut mieux être à Villedieu) : on mise tout sur le résidentiel et la promotion immobilière…

C'est ainsi qu'avec la connivence de la municipalité on nous concocte un PLU qui demande au port « de s'adapter au PLU et non l'inverse » (Pierre-Jean Blanchet, adjoint à l’urbanisme). C'est un peu comme si on demandait à la SNCF de s'adapter elle aussi au trafic automobile ! N'oublions pas qu'un jour ou l'autre une taxe carbone ou équivalent sera instituée – comme en Belgique ou en Suisse –, que la rentabilité du cabotage est incontestable et qu'il génère six fois moins de gaz à effet de serre que la route.

Avec son port de commerce, Granville garde son ouverture sur le large et de l'ambition au lieu de se replier sur soi-même.



*Le port peut traiter 200 000 à 300 000 tonnes par an.



Laurent Brégeon

Trois quarts des Français déclarent avoir une pratique sportive, qui a bien évolué, avec des pratiques hybrides : longe-côte, paddle, surf...

Les entreprises s’implantent dans des lieux où les gens peuvent pratiquer leurs loisirs ; le cheval dans le Sud-Manche, par exemple.

L’organisation de ce marché pourrait passer par un plan de développement de chacun des sports, avec quatre axes : santé, performance, social, économique.

Il s’agit de construire un projet avec les dirigeants, et d’en suivre l’évolution, en surmontant la difficulté de l’évaluation et de la remise en question.

On peut penser au sport d’entreprise (salles de sport privées…). En Bretagne, 710 prestataires sur 630 sites, 1 714 offres différentes pour un million de clients, 144 millions d’euros de chiffre d’affaires, équivalent de 2000 temps pleins.

Pourquoi est-ce que ça ne fonctionne pas dans le Sud-Manche ? Peut-être parce que chacun travaille dans son coin.

Développer le sport et la partie économique qui va avec.



Discussion




Frédérique Sarazin

Il y a un groupe Facebook pour les pratiquants de planche à voile, kite, windsurf, paddle, de Carolles à Coutances. C’est dommage qu’il n’y ait pas un espace dédié à ces sports nautiques au CRNG. Un endroit où on puisse louer des paddles, des planches, etc.. Le club de kayak a un espace là-bas, mais il n’est pas possible de louer des paddles facilement car les horaires et lieux de location sont compliqués et pas disponibles aux touristes. Il faudrait une action des collectivités pour populariser l’activité, faciliter la pratique de ces sports pour les touristes.



Laurent Brégeon

On peut prévoir des structures (piscine, école de voile), mais pour quel emploi ? Et pour combien de temps ? Quelle localisation ?



Arlette

Elle rappelle quelques marchés de producteurs bio ou locaux à Granville et alentours : au cours Jonville le mardi soir ; à la ferme du Bois Landelle ; le jeudi matin à Carolles.



Lolita Chartrain

Dans le Mortainais, la Poste s’est associée à Carrefour pour la distribution alimentaire, sauf le frais.

Beaucoup d’efforts sont faits par tout le monde, mais c’est parfois plus simple d’aller au supermarché



Louis Tanguy

Comment un agriculteur qui fait du lait conventionnel décide d’arrêter pour se mettre au bœuf ?

Pourtant, c’est peut-être une hérésie de se lancer sur un marché qui va se déréguler.



Ludovic Lecrosnier

Tout est à inventer pour la distribution. On n’a pas encore réussi à modéliser des schémas efficaces.

On est asservi à l’industrie, mais il faut trouver un modèle viable pour le paysan.

Viande bovine, on le dénonce. Souvent, les agriculteurs se tournent vers la culture et font l’appoint en bovins.

Les circuits courts permettent aux consommateurs des prix moins élevés.



Anne-Marie Legoubé

Il nous manque des ateliers de transformation des produits agricoles et de la mer.



Pierre Hédouin

On avait ici une économie coloniale. Granville est le cinquième port en tonnage pour la pêche, mais il n’y a qu’une seule entreprise de transformation.

Il n’y a pas de politique définie en ce domaine.

Carentan en a cinq, car la municipalité a une politique.

Le terminal frigorifique était prévu pour le cabotage, mais il a été construit l’année même de la cessation des activités européennes, il travaille maintenant avec les activités de la mer.



Robert Brégeon

Il évoque la fonction sociale du sport, et comment le sport peut apprendre aux jeunes les règles de vie en société.

Le sport peut-être vu comme un ascenseur social.



Laurent Brégeon

Le foot est un bon ascenseur social.



Émilie Guillard

Dans le Mortainais, un espace numérique se met en place ; il y a un éco-parc.

Malgré le Sénat, des volontés politiques existent pour développer les liens entre agriculture et circuits courts.

Relocalisons, volontairement, l’approvisionnement collectif, dans l’éducation, l’emploi.



Ludovic Lecrosnier

Pour la restauration collective, il est difficile de répondre durablement à une centrale de cuisine.

Pour les circuits courts, il faut mettre en place des structures.

Aux abattoirs de Saint-Hilaire-du-Harcouët, la moitié de l’activité se fait pour des circuits courts.

Mais la profession est frileuse pour s’investir dans la transformation.



Gérard Lecann

Les abattoirs de Sainte-Cécile, à côté de Villedieu, ont été en difficulté. Mais c’est parce qu’ils avaient perdu des marchés en Russie ! Que défend-on là ?

Pareil pour la laiterie qui fabrique le camembert Président : il aimerait bien être solidaire, mais il n’achète pas du camembert Président !



Yannick Grivaux

Et l’aérodrome ?



Thomas Collardeau

Il faudrait redemander la présence d’une douane.



Frédérique Sarazin

Les coopératives sont une mise en commun, mais elles ont un peu échappé aux agriculteurs.

Dans les cantines scolaires, la difficulté est également liée à l’absence de zones et de personnels dédiés à l’épluchage des légumes… Pourquoi ne pas créer une éplucherie ?



Robert Brégeon

Plusieurs entreprises qui marchent bien dans le Sud-Manche, comme Acome (Association coopérative d’ouvriers en matériel électrique).



Jean-Paul Rousselot

Petit bémol sur la notion de coopérative dont certaines se comportent comme des entreprises, y compris Acome.








Assises debout - Egalité... fraternité

Égalité… fraternité



Intervenants : Chantal Tambour, membre du Comité Manche des droits des femmes ; Yann Le Pennec, membre des Mots Bleus et de Port d’Attache ; Thierry Fagart, avocat.

Animateur : Miloud Mansour


Oppression des minorités, difficultés à vivre avec peu de moyens, droit à la différence.

Les femmes ne sont pas une minorité, elles constituent la majorité de notre humanité. Pourtant, elles ne sont pratiquement pas représentées dans les instances dirigeantes, et plus on s’élève dans les responsabilités, plus leur nombre diminue. Petit clin d’œil en forme d’autocritique, sur la difficulté à trouver une seconde femme pour animer ce débat citoyen !

Des constats par les chiffres, des explications juridiques et techniques, mais aussi des témoignages émouvants.

Dans une France qui se dit le pays des droits de l’homme, mieux vaut ne pas cumuler les difficultés : être femme immigrée et handicapée laisse-t-il un espace pour vivre ?



Miloud Mansour

À un journaliste qui lui demandait, au vu du titre de ce débat, « et la liberté dans tout ça ? », il répondit qu’il n’est de liberté bien comprise que lorsqu’on répond aux besoins fondamentaux d’un être humain…



Chantal Tambour

Il est beaucoup question des droits de l’homme… et ceux des femmes ?

Quant au joli mot de « fraternité », pourquoi ne dit-on pas « sororité » ?

On voit qu’il existe un filtre du langage très masculin.

Après huit à douze lois sur l’égalité entre les hommes et les femmes, quels changements?

Il reste le problème des violences faites aux femmes, sociales, physiques, psychologiques.

Peut-on parler d’égalité quand la terreur existe derrière les volets clos de la famille ?

C’est la conception même du rôle de la femme dans notre société qui est en jeu.

Dans le monde, une femme sur trois est victime de violences.

En France, tous les deux jours et demi, une femme meurt sous les coups de son compagnon, 223 000 femmes subissent des violences en France.

Le comité Manche des droits des femmes a demandé un observatoire des violences faites aux femmes.

Une autre violence est sociale, qui pourrait être résolue par la parité, car les femmes sont sous-représentées malgré leurs compétences. La France est seulement à la soixantième place pour l’égalité de la représentation des femmes dans les instances nationales.

Aux élections municipales et départementales, quid de la parité ?

La présidence, en général, c’est un homme, quelle que soit la taille de l’institution.

Les femmes assurent deux fois plus de charges familiales que les hommes.

Certains partis préfèrent payer les indemnités plutôt que d’assurer la parité.

Être candidate n’est pas le tout, encore faut-il être à une place éligible. Et qu’en est-il après l’élection ? Quelle place pour l’élue ?

En ce qui concerne l’égalité au travail, le comité a été unanime pour combattre la loi travail.

Compte tenu de la différence de salaire, les femmes travaillent gratuitement depuis le 8 novembre.

80 % des temps partiels assumés par des femmes

Rien n’a avancé dans les entreprises pour les droits des femmes.

La loi travail accroît la flexibilité, donc les difficultés pour les femmes, surtout dans les petites et très petites entreprises, où il y a une concentration de femmes.

En cas de mobilité obligatoire, ce sont encore les femmes qui sont en première ligne.

Et en médecine du travail, pourquoi une caissière qui déplace quinze tonnes par jour n’est-elle pas reconnue comme pratiquant un métier à risque ?

À propos du droit à disposer de son corps, l’IVG est menacée dans certains pays, mais aussi en France, où le député de Saint-Lô a soutenu son déremboursement.

Pendant ce temps, des maternités sont fermées, à Coutances ou à Granville, des lits sont supprimés, à Avranches.

La pauvreté qui avance à grand pas, concerne majoritairement des femmes.

Dans le monde, les femmes accomplissent 66 % du travail, perçoivent 10 % des revenus, et possèdent 1 % du patrimoine.



Yann Le Pennec

Les deux associations sont reconnues d’intérêt général et travaillent avec les immigrés à aider, s’inscrire dans une intégration, s’éduquer, avoir des papiers, apprendre le français (31 nationalités).



Thierry Fagart

Il s’agit de relever ce qui contrevient aux lois fondamentales de la nation.

Dans la pratique, cela ne fonctionne pas comme dans la devise de la République. Il y a détournement de la norme juridique pour des profits

La loi est-elle l’expression de l’intérêt général ? Dans les faits, la loi constate un état d’esprit de la société à un moment de son histoire, avec une évolution dans les rapports de force.

La lutte pour l’IVG est à ce sujet emblématique, elle a entériné un rapport de force.

Pour la peine de mort, la loi a pu voir le jour en raison d’une évolution des mentalités.

On peut proclamer la parité – « T’aurais pas une femme sous la main pour? » –, cela ne transforme pas la société.

La norme ne s’impose que lorsqu’elle correspond au rapport de force.

La parole libérée utilisée pour détourner la loi (propos racistes ou négationnistes...) alors que c’est un délit !

Hiatus considérable entre liberté, loi, fraternité…

Moi, président, je commencerais par interdire tout ce qui est commentaires ignobles sur les sites des médias…



Discussion




Yann Alary

Certes, les femmes subissent discriminations et inégalités, mais n’oublions pas les travailleurs handicapés, dont le chômage est passé de 40 à 65%.



Thomas Collardeau

Salue l’action du maire d’Avranches pour l’accueil des migrants, alors que Guénhaël Huet a comparé les migrants aux violeurs en Allemagne.



Miloud Mansour

Le Front de Gauche avait choisi de répondre à Guénhaël Huet, mais ne suivra pas son calendrier en ne reprenant pas ses diverses interventions haineuses



Chantal Tambour

Dans la précarité, les plus vulnérables sont les plus atteints.

40 % des handicapés ont un travail, dont 28 % pour les femmes.

La réforme de l’allocation logement va précariser encore plus les handicapés.



Jacqueline Martinez

Certes, la loi ne fait pas tout, mais elle est indispensable.

Il faut aussi agir de façon volontaire, s’obliger à toujours appliquer la parité. C’est vrai qu’il a été impossible de trouver de seconde femme pour animer les débats, parce qu’on est habitués à ce que ce soit les hommes qui parlent, les hommes qui dirigent.



Joseline Peyry

Nous parlons du droit des minorités – les femmes n'en sont pourtant pas une –, des populations les plus fragiles.
C'est le paroxysme du manque de droits de beaucoup de gens, ni migrants, ni handicapés, mais tellement précarisés.
La loi – sauf rare  illumination, comme l'abolition de la peine de mort – est l'émanation de  la pensée  dominante.
C'est la loi du plus fort !




Jacques Dubois

Bonne nouvelle : c’est une femme qui vient d’être élue présidente de la ligue professionnelle de football.



Yves Graal

Aborde l’impact des inégalités sur la santé, sur la mortalité infantile et sur la criminalité.

La santé est plus en difficulté en raison de la montée des inégalités que par la baisse du PIB.



Anne-Marie Legoubé

Au comité des usagers de l’hôpital, un seul homme est membre au bureau.



Annie Oblin

L’imposition de la parité est nécessaire, mais cela ne suffit pas.

En 1936, il n’était pas prévu de donner le droit de vote aux femmes.

En 1945, certains pensaient qu’elles allaient voter à droite…

Pour que les femmes puissent se porter candidates femmes, il leur faudrait du temps (travail morcelé, travail domestique non partagé…).

Pour les salaires, quoi de plus dévalorisant que d’être payé moins pour un même travail.

Il est urgent de faire appliquer la loi, même dans le public.

Les femmes sont particulièrement pénalisées au moment de la retraite : avec des salaires plus bas, des carrières plus courtes, leur retraite est forcément moins élevée que celle des hommes.

Beaucoup de femmes seules vivent sous le seuil de pauvreté.

Un observatoire des violences faites aux femmes a été mis en place en Seine-Saint-Denis… Et dans la Manche ?



Chantal Tambour

90 % des crimes relèvent de la violence conjugale.

Il manque de places pour l’accueil de femmes victimes de violences.

Pour déposer plainte dans un commissariat, il faut des preuves, agir dans un délai de 72 heures, et après, on rentre à la maison où on retrouve l’agresseur.



Yann Alary

On peut décréter, légiférer, il faut une évolution des mentalités.



Mitidja (artiste)

Elle vit seule avec ses deux enfants, perçoit le RSA, et a connu la violence d’un homme.

Les femmes sont fortes, pourtant, quelle image de la pauvreté cela renvoie-t-il ?

Quand une femme a confiance en elle, il est difficile pour un homme d’accepter, parfois on subit des violences.

72 heures pour réagir, c’est court, il lui a fallu une semaine pour s’y résoudre ; sa mère était une femme battue, elle a été une enfant battue.

Quand on rencontre des difficultés, on a peur des services sociaux. La seule façon d’avancer, c’est de réussir à en parler.

Pour une femme, être artiste, c’est difficile. Il faut faire chauffer la marmite, accepter un travail précaire pour survivre.

Et puis, l’échec scolaire : quand on est enfant d’origine maghrébine, on est considéré comme arabe, alors qu’elle ne connaît rien à la culture musulmane, elle est née en France. Elle s’est retrouvée dans des classes où personne ne parlait français.



Chantal Tambour

Être femme et handicapée, c’est subir une double peine.



Thierry Fagart

Dans les commissariats, on n’est pas forcément intéressé pour respecter la loi, notamment en matière de viol et de violence conjugale.

Il reste beaucoup de travail pour changer les mentalités

Assises debout - Commençons la transition

Commençons la transition !


Intervenants : Gérard Dieudonné, maire de La Lucerne-d’Outremer ; Frédérique Sarazin, médecin ; Guillaume Hédouin, responsable de la maison du parc des marais du Cotentin, EELV ; Yves Graal, Manche-Nature.

Animateur : Miloud Mansour 


L’eau que nous consommons, le bio et les circuits courts dans les restaurations collectives, la survie des écosystèmes du bocage qui nous entoure, tout est lié. Vu par un élu, un médecin, un responsable politique ou un défenseur de la biodiversité, le constat est très similaire. Il faut réagir et prendre en main notre environnement, de façon individuelle et collective, et ne pas le laisser aux mains des administrations ou des entreprises privées.



Frédérique Sarazin

C’est après avoir vu un hélicoptère pulvériser des produits phytosanitaires au-dessus de sa tête qu’elle a rejoint le collectif Alerte danger pesticides. Certains patients habitent près de champs et de vergers, et cela peut provoquer des pathologies variées.

Avec Manche Nature, ils ont été surpris par la présence d’un perturbateur endocrinien (molécule qui perturbe les hormones), l’octylphénol, dans la baie du Mont-Saint-Michel et la baie des Veys, sachant qu’une seule goutte dans une piscine olympique peut perturber les hormones et que, lorsque plusieurs perturbateurs sont mélangés, l’action de chacun s’amplifie.

Ce sont les industriels qui ralentissent la diffusion des connaissances.

Il faudrait prendre une grande mesure de réduction des pesticides, or, au contraire, actuellement, leur usage s’étend.

Les sénateurs ne sont pas très à l’écoute ; d’ailleurs, ils ont voté contre l’introduction de l’agriculture biologique dans les cantines, alors que cela pourrait être fait progressivement.

Pour la qualité de l’eau, les petites crevettes, qui sont des bio-accumulateurs, pourraient être utilisées comme marqueurs très économiques. Les bulots et les tourteaux, eux, concentrent les métaux lourds mais aussi les pesticides.

La solution peut déjà être individuelle : en mangeant bio, ce qui n’est pas forcément plus cher pour manger plus sain, et en arrêtant de se laver ! Ne plus utiliser de pétrole, de gel douche, mais de l’eau !

L’État, au lieu d’abandonner la nature, devrait financer les associations qui défendent l’environnement.



Gérard Dieudonné

La production d’eau potable a été confiée à des régies. L’agence de l’eau Seine Normandie un cinquième de la France ne passe de conventions avec les collectivités que si elles ont signé la charte de non-utilisation des pesticides.

Il est possible de ne pas utiliser de produits phytosanitaires, mais c’est compliqué. Dans les cimetières, par exemple, on utilise des désherbants depuis les années 1950.

Des résistances se mettent en place, car il faut de plus en plus de produits pour obtenir des résultats.

Les collectivités doivent donner l’exemple. Le département a commencé…

Dans l’agriculture, peut-on envisager le zéro phyto ? Le bio ? Les agriculteurs sont-ils contre ?

Parmi les polluants classiques que l’on trouve dans l’eau, ceux qui semblaient le plus dangereux ont été éliminés. Sur le territoire du Granvillais, il y a moins de problèmes que dans le Sud-Manche…

Des progrès ont été faits, mais il faut rester attentifs.

On n’est pas obligé de mettre des produits pour cultiver, mais ce n’est pas dans la culture de l’agriculture actuelle.

Il y a également le problème de la qualité de l’eau en provenance des rivières.

Pour l’eau potable, il est possible de créer, au sein d’un gros syndicat mixte de production d’eau potable (SMPGA), une régie pour regrouper certaines structures autonomes.

Le but est d’essayer de maîtriser la production, les prix, surtout en milieu rural, où se pose un problème de distribution (de 11 à 80 abonnés au kilomètre).

Veolia est forcément plus cher puisque c’est une entreprise qui doit faire des bénéfices.



Guillaume Hédouin

Le bocage normand commence à suivre le modèle breton, qui gagne le Sud-Manche, avec une agriculture industrielle, paysages « ouverts », polluants d’origine agricole qui arrivent très vite dans les eaux, provoquant un « effet cocktail » dû à l’augmentation des molécules en nombre et en puissance.

Il n’existe pas de bonne étude publique ; c’est dans le cadre d’études épidémiologiques que les dégâts s’observent, pendant que les fabricants de produits phytosanitaires gagnent des années et ont toujours un produit d’avance.

Même si, dans une société idéale, on n’empêche pas l’effet nitrate, les zones humides actives sont plus efficaces pour la dégradation de l’azote.

Actuellement, on accélère le transit de l’eau. Or, la protection de l’eau s’effectue au niveau des 30 à 40 premiers centimètres du sol, et c’est l’agriculture qui s’en occupe. On peut dire que notre service public de l’eau commence avec l’agriculteur.

Dans les marais du Cotentin et du Bessin, beaucoup d’eau potable se situe dans les nappes, alors que, dans le Sud-Manche, on prend de l’eau de surface, on prend soin de l’eau.

Dans les marais du Cotentin et du Bessin, il faudrait développer une agriculture qui prenne soin de l’eau.

Ailleurs, on ferme les points de captage et on met de gros tuyaux.

On a un système concentrationnaire de l’eau, on augmente la taille du marché et des entreprises, avec la tentation de tout régler au niveau départemental pour générer du business.

Même les plantes sont victimes de la mondialisation : des plantes importées des quatre coins du monde, car le marché est mondialisé, avec leurs maladies (le frêne, par exemple) qui se disséminent ici.

La population est attachée au bocage, mais les agriculteurs veulent de grandes surfaces lisses pour cultiver.

Le bocage, ce ne sont pas seulement des haies pour séparer les champs, mais une source écosystème et d’intégration économique.





Yves Graal

L’urgence est de se préoccuper du réchauffement climatique.

Que va-t-il advenir des marais du Cotentin, des marais de Bréville ?

La biodiversité est en danger : insectes, oiseaux, papillons, taupes...

Depuis 2015, les arbres (voir à Yquelon…) sont en train de mourir : hêtres, acacias, peupliers, châtaigniers sont malades.

Quelques mesures immédiates : découper les trottoirs et mettre de la terre ; utiliser le bois du bocage pour des chaudières à bois récupéré dans les collectivités.

Difficile de terminer sur une note optimiste



Discussion




Frédérique Sarazin

La santé des hommes est liée à la santé de la nature.



Jean-Louis Brault (éleveur de porcs à la retraite)

Ne pas opposer l’agriculture bio et l’agriculture raisonnée, car les agriculteurs sont les premiers touchés.

On est tous conscients, surtout les jeunes agriculteurs. Mais pour ceux qui ont fait des investissements extrêmement lourds, on ne peut pas changer du jour au lendemain.

Les produits doivent être payés à leur juste valeur, car des agriculteurs bien rémunérés ont tendance à prendre les bonnes décisions pour l’environnement.

Il y a des améliorations, il faut du temps, des moyens, des prix…, favoriser les produits faits en France pour que les agriculteurs vivent dignement.

Quant aux nitrates, les agriculteurs utilisent des pièges à nitrates... Il n’y a pas de terres découvertes à l’automne dans le Sud-Manche.



Gérard Dieudonné

Il n’y a pas d’opposition, mais les agriculteurs votent pour des représentants syndicaux départementaux qui…



Pierre Hédouin (ancien marin pêcheur)

La solution n’est pas de mettre en cause les professionnels, mais de les mettre devant leurs responsabilités. Aujourd’hui, certaines espèces de poissons sont menacées.



Joseline Peyry (enseignante retraitée)

Quand on parle d’écologie, on stigmatise souvent les agriculteurs. Mais il ne faut pas opposer les uns aux autres. On ne fera pas du « commun » en soulignant des antagonismes.



Frédérique Sarazin

Il est difficile de changer de pratique, c’est vrai aussi pour les médecins.



Robert Brégeon

Soulève la question de la destruction des barrages qui permettent la production d’électricité hydraulique.

Yves Graal: Manche Nature choisit la vie

Frédérique Sarazin : la production de ces barrages est infime, même EDF veut les abandonner.

Que faire des sédiments pollués



Thomas Collardeau

Pour le bio à l’école.

Problème de l’exonération de la taxe foncière sur cinq ans. Amendement en cours pour permettre aux maires de choisir la durée de cette exonération.



Didier Leguelinel

La qualité des eaux de baignade est importante pour les pêcheurs, car ce sont aussi les eaux de fraie des poissons.

La question est de traiter la qualité des eaux au lieu de s’en prendre aux marins-pêcheurs.

Pour les barrages, le retraitement va passer à la trappe… au détriment des poissons de mer ?

Les bulots ne sont pas les premiers porteurs de métaux lourds.

Il s’agit d’une taille de bulots et de lieux de pêche



Émilie Guillard (ancienne élue, déléguée d’un syndicat des Eaux)

Fermeture de point de captage, aucun travail auprès des agriculteurs.

Refus de prendre en compte le problème des nitrates en amont de l’agriculture.

Les élus sont prisonniers de leur électorat.



Gérard Dieudonné

Il y a une protection autour du point de captage.



Miloud Mansour

Ce débat a demandé un travail préparatoire de plusieurs mois.

Aucune réponse de la FNSEA ni du Crédit agricole.

Il ne s’agit pas de trouver un bouc émissaire, mais des solutions.

Ce débat n’est pas une grand messe, mais une confrontation de nos idées pour progresser tous ensemble.