mardi 1 décembre 2015

Assises debout - Egalité... fraternité

Égalité… fraternité



Intervenants : Chantal Tambour, membre du Comité Manche des droits des femmes ; Yann Le Pennec, membre des Mots Bleus et de Port d’Attache ; Thierry Fagart, avocat.

Animateur : Miloud Mansour


Oppression des minorités, difficultés à vivre avec peu de moyens, droit à la différence.

Les femmes ne sont pas une minorité, elles constituent la majorité de notre humanité. Pourtant, elles ne sont pratiquement pas représentées dans les instances dirigeantes, et plus on s’élève dans les responsabilités, plus leur nombre diminue. Petit clin d’œil en forme d’autocritique, sur la difficulté à trouver une seconde femme pour animer ce débat citoyen !

Des constats par les chiffres, des explications juridiques et techniques, mais aussi des témoignages émouvants.

Dans une France qui se dit le pays des droits de l’homme, mieux vaut ne pas cumuler les difficultés : être femme immigrée et handicapée laisse-t-il un espace pour vivre ?



Miloud Mansour

À un journaliste qui lui demandait, au vu du titre de ce débat, « et la liberté dans tout ça ? », il répondit qu’il n’est de liberté bien comprise que lorsqu’on répond aux besoins fondamentaux d’un être humain…



Chantal Tambour

Il est beaucoup question des droits de l’homme… et ceux des femmes ?

Quant au joli mot de « fraternité », pourquoi ne dit-on pas « sororité » ?

On voit qu’il existe un filtre du langage très masculin.

Après huit à douze lois sur l’égalité entre les hommes et les femmes, quels changements?

Il reste le problème des violences faites aux femmes, sociales, physiques, psychologiques.

Peut-on parler d’égalité quand la terreur existe derrière les volets clos de la famille ?

C’est la conception même du rôle de la femme dans notre société qui est en jeu.

Dans le monde, une femme sur trois est victime de violences.

En France, tous les deux jours et demi, une femme meurt sous les coups de son compagnon, 223 000 femmes subissent des violences en France.

Le comité Manche des droits des femmes a demandé un observatoire des violences faites aux femmes.

Une autre violence est sociale, qui pourrait être résolue par la parité, car les femmes sont sous-représentées malgré leurs compétences. La France est seulement à la soixantième place pour l’égalité de la représentation des femmes dans les instances nationales.

Aux élections municipales et départementales, quid de la parité ?

La présidence, en général, c’est un homme, quelle que soit la taille de l’institution.

Les femmes assurent deux fois plus de charges familiales que les hommes.

Certains partis préfèrent payer les indemnités plutôt que d’assurer la parité.

Être candidate n’est pas le tout, encore faut-il être à une place éligible. Et qu’en est-il après l’élection ? Quelle place pour l’élue ?

En ce qui concerne l’égalité au travail, le comité a été unanime pour combattre la loi travail.

Compte tenu de la différence de salaire, les femmes travaillent gratuitement depuis le 8 novembre.

80 % des temps partiels assumés par des femmes

Rien n’a avancé dans les entreprises pour les droits des femmes.

La loi travail accroît la flexibilité, donc les difficultés pour les femmes, surtout dans les petites et très petites entreprises, où il y a une concentration de femmes.

En cas de mobilité obligatoire, ce sont encore les femmes qui sont en première ligne.

Et en médecine du travail, pourquoi une caissière qui déplace quinze tonnes par jour n’est-elle pas reconnue comme pratiquant un métier à risque ?

À propos du droit à disposer de son corps, l’IVG est menacée dans certains pays, mais aussi en France, où le député de Saint-Lô a soutenu son déremboursement.

Pendant ce temps, des maternités sont fermées, à Coutances ou à Granville, des lits sont supprimés, à Avranches.

La pauvreté qui avance à grand pas, concerne majoritairement des femmes.

Dans le monde, les femmes accomplissent 66 % du travail, perçoivent 10 % des revenus, et possèdent 1 % du patrimoine.



Yann Le Pennec

Les deux associations sont reconnues d’intérêt général et travaillent avec les immigrés à aider, s’inscrire dans une intégration, s’éduquer, avoir des papiers, apprendre le français (31 nationalités).



Thierry Fagart

Il s’agit de relever ce qui contrevient aux lois fondamentales de la nation.

Dans la pratique, cela ne fonctionne pas comme dans la devise de la République. Il y a détournement de la norme juridique pour des profits

La loi est-elle l’expression de l’intérêt général ? Dans les faits, la loi constate un état d’esprit de la société à un moment de son histoire, avec une évolution dans les rapports de force.

La lutte pour l’IVG est à ce sujet emblématique, elle a entériné un rapport de force.

Pour la peine de mort, la loi a pu voir le jour en raison d’une évolution des mentalités.

On peut proclamer la parité – « T’aurais pas une femme sous la main pour? » –, cela ne transforme pas la société.

La norme ne s’impose que lorsqu’elle correspond au rapport de force.

La parole libérée utilisée pour détourner la loi (propos racistes ou négationnistes...) alors que c’est un délit !

Hiatus considérable entre liberté, loi, fraternité…

Moi, président, je commencerais par interdire tout ce qui est commentaires ignobles sur les sites des médias…



Discussion




Yann Alary

Certes, les femmes subissent discriminations et inégalités, mais n’oublions pas les travailleurs handicapés, dont le chômage est passé de 40 à 65%.



Thomas Collardeau

Salue l’action du maire d’Avranches pour l’accueil des migrants, alors que Guénhaël Huet a comparé les migrants aux violeurs en Allemagne.



Miloud Mansour

Le Front de Gauche avait choisi de répondre à Guénhaël Huet, mais ne suivra pas son calendrier en ne reprenant pas ses diverses interventions haineuses



Chantal Tambour

Dans la précarité, les plus vulnérables sont les plus atteints.

40 % des handicapés ont un travail, dont 28 % pour les femmes.

La réforme de l’allocation logement va précariser encore plus les handicapés.



Jacqueline Martinez

Certes, la loi ne fait pas tout, mais elle est indispensable.

Il faut aussi agir de façon volontaire, s’obliger à toujours appliquer la parité. C’est vrai qu’il a été impossible de trouver de seconde femme pour animer les débats, parce qu’on est habitués à ce que ce soit les hommes qui parlent, les hommes qui dirigent.



Joseline Peyry

Nous parlons du droit des minorités – les femmes n'en sont pourtant pas une –, des populations les plus fragiles.
C'est le paroxysme du manque de droits de beaucoup de gens, ni migrants, ni handicapés, mais tellement précarisés.
La loi – sauf rare  illumination, comme l'abolition de la peine de mort – est l'émanation de  la pensée  dominante.
C'est la loi du plus fort !




Jacques Dubois

Bonne nouvelle : c’est une femme qui vient d’être élue présidente de la ligue professionnelle de football.



Yves Graal

Aborde l’impact des inégalités sur la santé, sur la mortalité infantile et sur la criminalité.

La santé est plus en difficulté en raison de la montée des inégalités que par la baisse du PIB.



Anne-Marie Legoubé

Au comité des usagers de l’hôpital, un seul homme est membre au bureau.



Annie Oblin

L’imposition de la parité est nécessaire, mais cela ne suffit pas.

En 1936, il n’était pas prévu de donner le droit de vote aux femmes.

En 1945, certains pensaient qu’elles allaient voter à droite…

Pour que les femmes puissent se porter candidates femmes, il leur faudrait du temps (travail morcelé, travail domestique non partagé…).

Pour les salaires, quoi de plus dévalorisant que d’être payé moins pour un même travail.

Il est urgent de faire appliquer la loi, même dans le public.

Les femmes sont particulièrement pénalisées au moment de la retraite : avec des salaires plus bas, des carrières plus courtes, leur retraite est forcément moins élevée que celle des hommes.

Beaucoup de femmes seules vivent sous le seuil de pauvreté.

Un observatoire des violences faites aux femmes a été mis en place en Seine-Saint-Denis… Et dans la Manche ?



Chantal Tambour

90 % des crimes relèvent de la violence conjugale.

Il manque de places pour l’accueil de femmes victimes de violences.

Pour déposer plainte dans un commissariat, il faut des preuves, agir dans un délai de 72 heures, et après, on rentre à la maison où on retrouve l’agresseur.



Yann Alary

On peut décréter, légiférer, il faut une évolution des mentalités.



Mitidja (artiste)

Elle vit seule avec ses deux enfants, perçoit le RSA, et a connu la violence d’un homme.

Les femmes sont fortes, pourtant, quelle image de la pauvreté cela renvoie-t-il ?

Quand une femme a confiance en elle, il est difficile pour un homme d’accepter, parfois on subit des violences.

72 heures pour réagir, c’est court, il lui a fallu une semaine pour s’y résoudre ; sa mère était une femme battue, elle a été une enfant battue.

Quand on rencontre des difficultés, on a peur des services sociaux. La seule façon d’avancer, c’est de réussir à en parler.

Pour une femme, être artiste, c’est difficile. Il faut faire chauffer la marmite, accepter un travail précaire pour survivre.

Et puis, l’échec scolaire : quand on est enfant d’origine maghrébine, on est considéré comme arabe, alors qu’elle ne connaît rien à la culture musulmane, elle est née en France. Elle s’est retrouvée dans des classes où personne ne parlait français.



Chantal Tambour

Être femme et handicapée, c’est subir une double peine.



Thierry Fagart

Dans les commissariats, on n’est pas forcément intéressé pour respecter la loi, notamment en matière de viol et de violence conjugale.

Il reste beaucoup de travail pour changer les mentalités

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire