Compte
– rendu de la réunion publique du 2 juin 2014 organisée par la
coordination de défense de l’hôpital de Granville.
Environ
200 personnes présentes (nous avons rangé 210 chaises) ce qui
confirme l’intérêt et les craintes que les usagers et les élus
portent quant au devenir du site hospitalier de Granville.
Intoduction
Marie-Thé
Petit-Signe :
Remerciements
aux élus, Maires, Conseillers Municipaux, Conseillers Généraux,
professionnels de santé, représentants des personnels de santé et
syndicalistes qui ont répondu à notre invitation.
Les
députés, Mrs Huet et Travert ont été invités, Mr Travert,
siégeant en commission à Paris, demande de l’excuser et a envoyé
un message
Le
représentant de la CFTC s’est excusé de ne pouvoir être présent.
Nous
regrettons l’absence du Directeur de l’hôpital Avranches
Granville ainsi que celle de la Directrice de l’Agence Régionale
de Santé (ARS)
Un grand
merci aussi pour leur présence, à Côme, membre de la Coordination
Nationale de Défense des Hôpitaux et Maternités Publics ainsi
qu’aux copains de Vire qui se sont battus pour leur maternité.
Nous
avons appris récemment, alors que la décision était inscrite
depuis 1 an dans le projet d’établissement, le transfert du
service de cardiologie sur le site d’Avranches.
L’hôpital
Avranches-Granville est une seule entité avec 2 sites.
L’hôpital
a une mission de service public de proximité, ouvert à tous 24h
sur 24 quelque soit la maladie et quelque soit le milieu social.
N’oublions
pas que c’est grâce au CNR, qui au lendemain de la guerre, par un
texte fondateur, a mis en place le pilier du modèle social basé sur
la solidarité dont est issue la Sécurité sociale qui fait que
chacun cotise selon ses moyens et est soigné selon ses besoins.
Historique de l’hôpital de
Granville (voir articleprécédent)
Le
débat :
Miloud
Mansour précise que la directrice de l’ARS lui a dit que la
fermeture de la cardiologie est seulement un projet, le directeur de
l’hôpital envisage la mise en place de praticiens multi-sites.
1ère
question : Est-ce que la fermeture «éventuelle » du
service cardiologie peut avoir un impact sur la santé publique en
pays Granvillais ?
- Dr
Caillou (cardiologue pendant 20 ans à l’hôpital de Granville): Il
existe 1 service de cardiologie de 25 lits avec 3 praticiens sur
chacun des sites, la situation s’est dégradée en 2012,départs en
retraite, difficulté de recrutement, actuellement le site de
Granville fonctionne avec 1 cardiologue intérimaire qui change
toutes les semaines, sur le site d’’Avranches, les 2 praticiens
en temps partiel vont partir en retraite et le praticien en temps
plein vient de démissionner. Il faut réfléchir à une nouvelle
façon de travailler,
Nous
avons à l’hôpital un service urgentiste performant mais s’il
n’y a pas de médecins spécialistes pour la prise en charge des
patients, il y aura un impact sur la santé.
Suivent
2 interventions d’usagers qui apportent leurs témoignages, «sans
l’efficacité du service des urgences et l’intervention rapide du
cardiologue, nous ne serions plus de ce monde»
Question
d’usager « Faut-il conserver la cardiologie ou seulement les
urgences ? »
-
Réponse d’une infirmière du service des urgences : « nous
ne recevons pas que des patients atteints de douleurs thoraciques,
nous n’avons que 4 chambres dans le service, et il arrive qu’il
n’y ait plus de place dans le service cardio, ni à Granville, ni à
Avranches ce qui pose un problème, nous avons besoin d’un service
cardiologie aussi bien à Avranches qu’à Granville »
Question
d’usager : « À quoi est du le manque de cardiologues ? »
- Dr
Caillou : Il y a bien un problème de démographie médicale
mais l’hôpital de St Lô a recruté des cardiologues grâce à la
volonté commune du directeur et de l’équipe médicale. Granville
peut être aussi attractif que St Lô, pour attirer des praticiens,
il faut que les conditions de travail soient bonnes.
-
Comité d’usager de Vire : « Ne pensez pas qu’à
la cardiologie, ce qui rend un hôpital attractif, c’est l’ensemble
de l’offre de soins; la démographie médicale, c’est l’argument
qu’on nous sert quand la décision de suppression est déjà prise
par l’ARS. »
- Dr
Caillou : « En 2008, nous avions réussi à trouver un
équilibre avec, sur le site de Granville une majorité de services
de médecine dont la pneumologie qui travaille en étroite
collaboration avec la cardiologie. Il y avait aussi un projet avec
Normandie 2 de service de réadaptation pulmonaire et
cardiologique. »
- Mme
Baudry, Maire de Granville et Présidente du conseil de surveillance
de l’hôpital pour 3 ans : « Pour le moment , le
problème n’est que celui de chercher des cardiologues. Pour moi,
il s’agit de trouver un équilibre entre Public et privé et croyez
que j’y veillerai. »
-
Question d’usager : Qu’entend Mme le Maire par équilibre
public-privé ?
Mme
Baudry : « Si demain un groupe de médecins spécialistes
et autres vient me demander d’ouvrir un centre médical privé à
Granville, je soutiendrais ce projet s’ils font un mi-temps à
l’hôpital Sachez que je ne suis pas la patronne du directeur de
l’hôpital. Mr Caillou, vous étiez 3 dans le service, vous n’avez
pas préparé votre succession, vous auriez pu former des jeunes. »
Un
usager : « Le privé est là pour faire de l’argent,
le Public , pour soigner des gens. »
Miloud
Mansour : l’historique de l’hôpital montre que depuis des
années, le site de Granville a perdu de nombreux services. Nous
sommes là pour débattre s’il faut garder le service cardiologie
du site de Granville ainsi que celui du site d’Avranches ou réunir
en 1 seul service à Avranches ou à Granville.
-
Parole d’usager : « Sachant que le service Cardiologie
de Granville était toujours complet (25 lits), sachant
que le service cardiologie d'Avranches était, est toujours plein (25
lits) : si on
transfère les 2 services sur 1 seul site, il faudra combien de lits
? Sinon, qui ne sera pas soigné ? »
Lecture
du projet d’établissement : un nouveau bâtiment sera
construit sur le site d’Avranches pour la cardiologie et les
urgences comprenant 25 lits et 4 pour les urgences. (nous sommes loin
des 50 lits actuels sur les 2 sites)
- Mr
Julienne Conseiller Général : « Il faut parler en terme
d’intercommunalité, Granville Terre et Mer, c’est 45000
habitants. D’autre part, il faut se rapprocher du CHU de Caen qui
forme les spécialistes. »
- Dr
Caillou : « Nous avons toujours travaillé avec le CHU,
mais pour attirer les jeunes en formation, Granville est une ville
attractive mais ils ne viendrons pas s’ils savent que l’hôpital
risque de fermer »
-
Parole d’usager : « Parlons gros sous, sur le site
d’Avranches, il faut construire un nouveau bâtiment ce serait un
investissement lourd alors qu’à Granville nous avons tout un étage
prêt à renforcer le service cardiologie. D’autre part compte-tenu
du bassin de population, des retraités qui ont choisi Granville pour
s’installer parce qu’il ya un hôpital, l’offre de soins doit
rester sur Granville.
-
Comité d’usager Vire : « Plus on parle d’économie,
plus il y a de déficit, la logique qui prévaut toujours c’est de
regrouper dans des grands centres. Mais ça revient plus cher de
mobiliser les grands plateaux techniques pour des cas qui seraient
aussi bien soignés dans un hôpital de proximité. Pour le
recrutement des médecins, si on ne les oblige pas, ils ne viendront
pas. Revenons sur la notion de territoires, ne séparons pas les
choses, il s’agit d’égalité de territoires, cela ne passe pas
par la médecine de ville, ils doivent disposer d’offre de soins de
proximité. »
-
Parole de médecin généraliste : « Le service d’urgences
fonctionne bien, mais en terme de prévention, pour voir si nos
patients risquent un infarctus dans quelques jours ou quelques mois,
nous avons besoin de plateaux techniques pour tests d’efforts et
autres examens. Hors les délais sont de plus en plus longs, Pour le
seul cabinet de cardiologie qui reste en ville le délai est de 1 an,
en hôpital, c’est plusieurs mois, ce n’est pas rassurant pour la
population, décentraliser aggraverait les risques au niveau de la
région, le service de cardiologie, c’est important, il faudrait
voir avec le CHU s’ils peuvent répartir les postes d’internes
sur les hôpitaux périphériques, s’ils ont un encadrement par
des cardiologues, cela pourrait recréer une dynamique.»
-
Infirmière en cardiologie : « Actuellement, nous
changeons de cardiologue toutes les semaines, comment pourrait-il
former des internes ? »
-
Question d’un élu de Donville : « Tout le monde semble
d’accord pour maintenir le service de cardiologie à Granville, il
me semble que les élus peuvent peser par leurs réseaux sur l’ARS,
alors maintenant comment on fait ?
- Mr
Dieudonné, Conseiller Général : « L’hôpital est un
service public d’Etat, il faut secouer l’ARS, l’obliger à
participer à un débat, c’est du devoir de l’ARS de répondre
aux questions sur le service public ?
-
Miloud Mansour : « Mme Chauvel, gestionnaire de l’ARS
m’a dit que c’était du ressort du directeur de l’hôpital,
qu’elle me rappellerait peut être, alors secouer l’ARS, il faut
s’y mettre à plusieurs… »
- G.
Dieudonné : « Pourquoi pas un pôle d’élu ? »
- Coordination de défense des hôpitaux publics de proximité :
« C’est toujours comme ça, l’ARS et la direction de
l’hôpital se renvoient la balle. Nous avons connu des défaites et
des victoires. Le site de Granville a déjà payé un lourd tribut à
la fusion Avranches Granville. La défense de l’hôpital de
proximité passe par un triptyque : les usagers, les élus et le
personnel de l’hôpital.
Mme le
Maire, vous n’êtes pas patronne de l’hôpital ni de l’ARS,
mais votre devoir d’élue est d’assurer la permanence des soins à
Granville.
Les
élus, vous avez intérêt à vous mettre d’accord et ne pas louper
le coche car là ou ils ne se sont pas mobilisés, ils l’ont payé
au moment des élections. Il faut défendre les Granvillais et les
Avranchinais pour un égalité de prise charge »
- Mme
Baudry : « En réponse à Mr Dieudonné, je suis tout à
fait favorable à constituer un pôle d’élus pour rencontrer
l’ARS, il y a un certain nombre de maires dans la salle, je crois
qu’il n’y aura pas de problèmes. Avez-vous invité les
représentants des usagers qui siègent au conseil de
surveillance ? »
-
Personne ne les connais ni ne sait comment ils sont désignés.
-
Plusieurs élus se déclarent favorables pour rencontrer l’ARS
-
Parole d’usager : « J’applaudis les déclarations des
élus mais cette rencontre ARS et élus doit se faire avec des
représentants de la coordination de défense de l’hôpital et des
représentants du personnel de l’hôpital. »
-
Parole d’usager : « St Lô a réussi à faire bouger les
choses grâce à une volonté commune, ne faudrait-il pas organiser
une manifestation élus, usagers et personnel de l’’hôpital ? »
-
Parole d’un élu : « Ne faudrait-il pas se mettre
d’accord pour savoir ce que nous allons défendre auprès de
l’ARS »
-
Parole d’un usager : « je m'aperçois que dans le feu de
la discussion, j'ai oublié l'essentiel ! Pendant et après le
combat contre la barbarie de l'extrême droite (nazisme et fascisme),
suite aux nombreux morts qu'à connu notre région, soldats et
civils, femmes, enfants, vieillards, ensevelis sous les décombres
des bombardements, le CNR (ConseilNational de la Résistance) a
proposé la réorganisation du système
de santé basé sur la cotisation sociale, salaire indirect payé par
le travail; le patronat de
l'époque à aussi préféré cotiser plutôt que d' augmenter les
salaires.
La
cotisation sociale c'est mon travail, NOTRE travail, c'est ce travail
qui a construit notre système de santé : hôpitaux, CHU, qui
finance le salaire des personnels médicaux et autres, et qui permet
même à l'industrie pharmaceutique de boursicoter au CAC 40.
A
l'hôpital je suis un USAGER, je ne suis pas un client, l'hôpital
m'appartient, NOUS appartient, il doit y avoir une brique ou un
bistouri que j'ai payé de mon propre travail. »
-
Parole d’usager : « Le plan Hôpital 2012 favorise
le partenariat Public/Privé. Localement cela se concrétise par la
cession par l'Hôpital d'un terrain au Normandy pour la construction
du Normandy II (financée à 50% par l'état), pour les patients
"lourds" du Centre de rééducation. A cette date c'est
justifié par l'autorité hospitalière par la proximité des
services de cardiologie et de pneumologie de l'hôpital nécessaire
aux patients en rééducation au Normandy II. On nous parle même, à
partir des 2 services existants de développer un pôle
coeur/poumon de pointe qui permettrait d'avoir (en partenariat
avec le Normandy) un centre de rééducation respiratoire et
cardiaque. Indépendamment de ce qu'on pense du partenariat PP,
cette entité aurait été très valorisante pour l'Hôpital et pour
la ville de Granville elle-même.
Et....
en 2014... on veut fermer le service cardiologie de Granville! »
Miloud
Mansour : Les élus sont d’accord pour se mobiliser, comment
quelles actions pouvons nous mener des actions pour aider cette
mobilisation ?
-Comité
des usagers de Vire : « Il faut se rassembler au-delà des
appartenances politiques pour défendre le bien commun, que les
représentants des élus, des soignants et des usagers soient reçus
ensemble. N’oubliez pas que le directeur de l’hôpital ne fait
qu’appliquer le plan régional de santé qui est antérieur au
projet d’établissement, c’est l’intérêt du directeur pour sa
carrière de défendre ce plan. »
-
Lecture du message de S. Travert, député qui se déclare vigilant
quant au maintien d’un service public de santé de proximité.
Conclusion :
Il semble que les élus sont d’accord pour défendre l’offre de
soins en cardiologie à Granville, il nous faut mobiliser encore,
imaginer, organiser des actions pour défendre avec les habitants de
Granville Terre et Mer le bien commun que représente la santé.
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